L’Otan impose un pizzo à 5% mais à différence de la mafia, ne garantit pas de protection en échange
Ce sont les membres européens de l’Otan qui paient pour les aventures américaines et pas le contraire.
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Lors du sommet de l’Otan qui s’est tenu à la Haye du 24 au 25 juin dernier, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez est le seul à s’être inscrit en faux contre le projet de Donald Trump, consistant à élever le budget de la défense des membres de l'alliance à 5% de leur PIB ce, d’ici 2035. Sanchez a estimé, pour sa part, que 2,1% "c’est réaliste et suffisant". Il s’est retrouvé isolé au milieu des 32 membres, essuyant des injures de la part de Donald Trump, sans écho pour former un sous-groupe, alors que la Belgique et d’autres Etats membres partagent son point de vue.
Le contraste de Sanchez avec le servilisme du Secrétaire Général de l’Otan, Mark Rutte en était presque douloureux. Comme l’exposition de deux cosmogonies. Celle marginalisée du courage et celle collective de l’auto-dégradation. Le texto du Hollandais à l’intention de Donald Trump avait, à ce moment-là, déjà fait le tour du monde. "L’Europe va payer un prix énorme pour financer sa défense et ce sera votre victoire". Rutte allant jusqu’à qualifier Trump de "Daddy". Une manière d’infantiliser les alliés de l’Amérique. Les Etats-Unis, c’est papa. De toutes ces flagorneries, une autre mérite d’être retenue. Celle où Rutte félicite (une énième fois) Trump pour le bombardement de l’Iran. "C’était vraiment extraordinaire. Quelque chose que personne n’avait osé faire". N’aurait-il pas été plus judicieux de questionner l’allié américain, sur l’absence d’information préalable à destination du commandement de l’OTAN, sachant qu’en cas de riposte, son opération risquait d’engager tous les membres de l'Alliance, du fait du mécanisme de défense mutuelle de l’Alliance ?
LES ETATS-UNIS NE SONT PAS NOS ALLIES ET LE DISENT
Du fait de l’Histoire contemporaine déplorable de notre grand allié, la question de savoir pourquoi, à quelle politique de défense, dans l’intérêt de qui et de quoi, "l’Europe va payer un prix énorme", se pose. Et de façon immédiate. Il y a même longtemps qu’elle se pose. Plus désormais, sachant que Trump lui-même remet en cause l’activation de l’article 5. Le 24 juin, à bord de son avion présidentiel, interrogé à savoir s’il porterait assistance si l’un de ses alliés était attaqué, il répond en des termes franchement peu rassurants sur la qualité d’une alliance, pourtant si onéreuse : "Cela dépend de la définition que vous en donnez. Il existe de nombreuses définitions de l’article 5, vous le savez n’est-ce pas ?" Un allié qui vient imposer une augmentation de 5% du PIB aux européens, mais qui reste aussi vague sur ce que ceux-ci devraient en attendre, est-ce vraiment raisonnable ? La mafia pratique l’extorsion, mais au moins elle assure derrière.
Un allié qui vient imposer une augmentation de 5% du PIB aux européens, mais qui reste aussi vague sur ce que ceux-ci devraient en attendre, est-ce vraiment raisonnable ?
Et ce n’est pas la première fois. Lors du sommet de l’Otan à Madrid en 2021, une question très similaire avait été posée par un journaliste espagnol à Joe Biden. "Si Ceuta et Melilla, [enclaves espagnoles en Afrique du Nord] étaient attaquées par le Maroc, l’Otan nous protégerait ?". Question esquivée par un sourire de la part de l’ex-président. Sur la question de la loyauté des Etats-Unis vis-à-vis des membres européens de l’Otan, exception faite du Royaume-Uni, si l’on s’en tient aux déclarations de l’actuel président et de tous ses prédécesseurs de l’après-guerre froide, il n’y a rien à attendre.
Le fait est que contrairement à ce que déclare Trump sur les Etats européens qui seraient, selon lui, des parasites usurpant les moyens mis à disposition par les Etats-Unis, c’est le contraire qui se produit. L’Europe répond à presque toutes les aventures américaines. En revanche, le seul pays pour lequel les Etats-Unis répondent, ne se trouve pas dans la zone Atlantique nord, mais dans la Méditerranée. C’est Israël. Les européens sous-traitent et subissent aveuglément les intérêts de ce couple faustien.
L’Ukraine aura été le prétexte pour faire augmenter la quote part des européens, depuis Biden, avec la complicité d’Ursula von der Leyen, ennemie atavique des européens. Pourtant, ce qui se passe en Ukraine, Etat totalement étranger à la culture, à l’histoire occidentale, ainsi qu’à ses valeurs, sa qualité institutionnelle est une opération strictement américaine. L’Europe s’est dégarnie de sa défense en réponse aux injonctions de l’OTAN, donc des Etats-Unis. Tous les pays européens ont puisé dans leurs stocks de munitions et d’équipements militaires pour les transférer à l’Ukraine, alors même que la Russie n’a jamais menacé l’Europe. Si la Synagogue du Département d’Etat dont les membres détestent l’Europe avaient voulu créer une situation d’impuissance par carence de défense de notre continent, elle n’aurait pas fait autrement. La portée du "fuck the EU" de Victoria Nuland n'a jamais été appréciée à sa juste valeur.
L’Europe s’est dégarnie de sa défense en réponse aux injonctions de l’OTAN, donc des Etats-Unis. Tous les pays européens ont puisé dans leurs stocks de munitions et d’équipements militaires pour les transférer à l’Ukraine, alors même que la Russie n’a jamais menacé l’Europe.
BASES MILITAIRES EN ESPAGNE
Donald Trump a grossièrement, stupidement, insulté l'Espagne et les espagnols au c. En menaçant la Péninsule de sanctions économiques (alors même que la balance commerciale entre les deux pays est excédentaire en faveur des Etats-Unis). Mais ce sont les Etats-Unis qui jouissent de deux bases militaires, sans payer de loyer, en Espagne. Pas le contraire. La base militaire de Rota (Cadiz) et celle de Moron (Séville)). Les deux remplissent des fonctions stratégiques essentielles pour le Pentagone. L’Espagne, l’Italie, la France, le Portugal, n’importe quel autre des 32 pays de l’alliance, pourrait-il bénéficier d’une base militaire aux Etats-Unis, totalement fermée aux nationaux et d'usage relativement discrétionnaire ? Bien sûr que non. Le rapport des Etats-Unis, envers les autres Etats membres (hors Royaume-Uni), est une relation unilatérale et vénale. Tant est si bien, que le budget de défense que Trump impose à l’Europe est destiné à acheter des armes issues des équipementiers américains, pour créer des emplois là-bas. Un autre chantage commence d’ailleurs à s'exercer en ce sens.
Base militaire US à Rota, province de Cadiz, Espagne
Pedro Sanchez a entrouvert une porte qu’il serait bon de faire tomber. En tant que peuples d’Europe, doit-on se sacrifier, pour un tel allié, un tel maton, avec les valeurs que l’on observe à Gaza et ailleurs, exprimant une telle déloyauté, un tel mépris ? Sacrifier une vraie défense nationale, renoncer à tenter de réabsorber notre état de surendettement, régler notre crise habitationnelle, veiller à notre politique fiscale et tant d'autres choses ?
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