Groupe Signal de renseignement comme les groupes WhatsApp de parents d'élèves
Le secret d'État est obsolète
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Les gens font un fromage du groupe Signal de la communauté d'intelligence US auquel Jeff Goldberg, rédacteur en chef de The Atlantic a été invité, "par accident". Lui, justement lui! Le communicateur par antonomase de toutes les opérations israélo-américaines, depuis la deuxième guerre d'Irak.
Toujours est-il que cette offuscation est totalement surfaite. Théoriquement, dans un monde normal, ça démontrerait le manque de professionnalisme de l'équipe actuelle. Quoique, à côté de la divulgation par Wikileaks des 30.000 courriers électroniques d'Hillary Clinton en 2016, portant sur la période où elle était Secrétaire d'État, le groupe sur Signal avec ses autosatisfecit trumpistes :"excellent", "bravo", fait pâle figure. Plus encore, si comparé avec l'affaire de l'ordinateur de Hunter Biden et ce qu'il révélait de trafic d'influence du clan familial avec l'Ukraine et la Chine, lorsque Joe Biden était vice-président de Barack Obama. Un groupe évoquant le bombardement quotidien des Houtis par les US, bonjour le niveau de fuite.
Dans la catégorie révélation qui, elle, crée un avant et un après, le filtrage de la communication de Victoria Nuland avec l'Ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine, Geoffrey Pyatt en 2014, au cours duquel elle lâche le nom de code de l'opération très peu secrète de destruction de l'Europe par la Synagogue du Département d'État, lors du fameux "fuck the UE", sitôt dit, sitôt fait et ça continue. Ça c’était quelque chose. Quinze ans plus tard, J.D Vance pratique le même ressentiment, à en juger par le contenu filtré du groupe Signal. Avec des alliés comme les États-Unis, l'Europe n'a pas besoin d'ennemis…
La présence de Goldberg ne saurait être un accident. Elle indique la vraie nature de ce “journaliste”. La partie justement qui n’aurait pas dû être divulguée et force désormais l’intéressé à déclarer qu’il va rendre public le contenu du groupe pour sauver les apparences.
Il semblerait qu'il se soit produit un moment Camacho qui ait fait tourner les choses au vinaigre. Car sinon, où est le mal ? Il n'y a plus de secret. Le secret Défense est rangé au rayon des antiquités. Ni pour l'administration UE, US, ni pour personne en Occident.
Pour qu'il y ait des secrets il faut un certain nombre de prérequis. D'abord, être conscient de l'existence de lignes rouges, à ne transgresser que sous le sceau du plan grand secret. Or les lignes rouges ne le sont plus. Le rouge est le nouveau vert dans une société dystopique ou la narrative l'emporte sur la norme. 2) Un secret implique l'existence d'un jeu rationnel en vue d’un objectif politique, stratégique, économique, tactique non révélé. Or tout est intempestif et déclaratif. 3) L'existence de moyens secrets. Or ces moyens ne sont plus secrets, car aussitôt inventés, aussitôt testés dans une nouvelle guerre crée ad hoc et ensuite présentés sur une foire pour les vendre. 4) Avoir des secrets implique ne pas vouloir être prévisible. Or si deux métiers ont cessé d'être nécessaires, ce sont ceux d'analystes et d'experts du contre-espionnage, vu l'extrême et infantile prévisibilité de l'Occident.
Tout se dit en temps réel. Du plus offensif au plus excentrique. Donald Trump dit tout ce qu'il escompte commettre par avance. Par exemple, l'idée d'envahir le Groenland, n'est pas un plan secret. Pas plus que d'envahir le Canada ou le Panama, ou de participer d'un nettoyage ethnique à Gaza, voire de faire du chantage à la RDC en poussant le M23 pour arriver en mode sicilien après, en garant de la sécurité. Les européens pour leur part se posent pathétiquement en mode "Alerte à Malibu" face au '‘méchant” requin blanc, Vladimir Poutine, à qui ils déclarent la guerre, désormais de manière routinière. Pas besoin d'avoir de cerveaux de Maître espion ou de technologie pour déduire que dans leur cas, ça va leur passer.
Tout est ouvert. Il n'y a pas de jeux secrets. Il pourrait se faire des réunions de Homeland, la CIA, la NSA et de tous les services, en format Téléréalité, ça ne changerait rien. Le groupe Signal des pontes du renseignement américains pourrait se faire sur WhatsApp et incorporer les groupes de parents d'élèves de J.D. Vance, le monde serait exactement ce qu'il est. Ce qu’il est devenu.
Le secret, pourquoi faire ? Il n'y a plus que la Chine, l'Iran et la Russie pour le pratiquer. Les Maîtres du long cours.
Donald Trump semble décidé à apporter le coup de grâce à la notion de secret. On le dit ‘transactionnel’. Le terme revêt désormais une dimension politologique. Il l’est, mais pas au sens où il s’intéresse à la dimension intrapsychique de son interlocuteur, mais au sens de transaction immobilière. Comme un agent immobilier, il n’y a pas de questions à laquelle il ne réponde pas. Il faut lui reconnaître cela. Au regard de sa disponibilité, c'est d'ailleurs assez frustrant que les journalistes ne le testent pas davantage.
Avec lui, tout est clair comme de l'eau de roche. Il va attaquer en format carpet bombing les Houthis, il l'annonce. Cela permet au passage de faire monter les actions des assurances du frêt maritime dans la région. Il peut le faire car, entre les Etats-Unis et Israël, toutes les lignes rouges ont explosé. Pas de jeu diplomatique complexe pour obtenir le feu vert du Conseil de Sécurité, pas d'intrigues de palais, pas de notion de droit international. C'est un jeu rudimentaire : je veux, je fais, je ne procède même pas au constat des dommages, qu'il y en ait massivement me suffit.
Le secret, pourquoi faire ? Il n'y a plus que la Chine, l'Iran et la Russie pour le pratiquer. Les Maîtres du long cours.