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Vingt-quatre heures pour l’élection du nouveau Pape. La troisième élection la plus rapide de l’Histoire. Le conclave blitz donne à penser que le choix était probablement concerté. Robert Francis Prevost, désormais Pape numéro 267, a choisi le nom de Leon XIV. Un soi un message. Léon XIII est connu pour avoir été un pape réellement réformateur, lequel en pleine révolution industrielle publie la fameuse encyclique “Rerum Novarum”, dénonçant les conditions de travail des ouvriers.
De Léon XIV, il se sait peu de choses. Il s’agit d’une personnalité relativement peu connue. Américain, de père français, de mère espagnole, il est issu de l’ordre des augustiniens. Il n’a aucun lien avec l’Eglise catholique des Etats-Unis, son pays. Ordonné prêtre en 1982, il est envoyé au Pérou dans la mission de Chulucanas, dans l’Etat de Piura au Pérou. Il passera 40 ans dans ce pays. A telle enseigne qu’il en dispose de la double nationalité. Après avoir occupé plusieurs positions au sein de l’Eglise péruvienne, il est élevé à la dignité épiscopale par son prédécesseur, François. Il a été évêque de Chiclayo, du 26 novembre 2015 à mars 2018. Il continue à gravir les échelons de l’Eglise péruvienne. En 2023, le pape le nomme préfet du Dicastère pour les Evêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique Latine. Ce sera lui qui conseillera le pape pour les nominations d’évêques. Neuf mois plus tard, le 30 septembre 2023, François le nomme Cardinal.
C’est un poulain de François. Mais en même temps, il est beaucoup plus intellectuel, plus articulé, que son prédécesseur, sans être un théologien à la façon de Benoit XVI. Il parle cinq langues : anglais, français, espagnol, italien, latin. Ses années en Amérique Latine apporteront certainement une empreinte, dans la continuité de François, mais probablement, sans les disruptions sociétales de ce dernier, sur les questions d’idéologie de genre et d’autres mesures rupturistes. Tel que l’ordination de femmes. Sa première apparition au balcon du Vatican, revêtu de tout l’apparat papal, dont la croix en or, donne à penser qu’il ne cédera pas à l’hubris de l’humilité stridente de François et sera plus respectueux des traditions.
Sur le plan politique, le fait de nommer un Pape américain, crée une situation au regard des conflits en cours. En particulier sur le génocide à Gaza. C’est aussi un défi au regard des Eglises évangéliques américaines. Il aurait répondu le 3 février 2025 à J.D. Vance, lequel affirmait que Jésus commande de hiérarchiser l’amour des autres, du plus proche au plus lointain. J.D. Vance est un converti au catholicisme. Mais sa souche est celle des imprécations évangélistes. Ceci aurait créé une première friction avec le vice-président de Trump avant même que le nouveau pape soit nommé. “J.D. Vance se trompe. Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres “ répond Prévost, en rappelant la nature “universelle et inconditionnelle de l’amour pour les autres.’ Très différent de l’amour tribal proposé par d’autres cultes.
On y croit ou pas, mais il est un fait que le personnage de Jésus privilégie l’ouverture vers les autres et, de fait, lui-même, selon les auteurs des évangiles, a très peu, voire nulle relation avec sa famille biologique (Matthieu XIII-53-58 ; Marc VI 3-5 ; Jean VII surtout). Jésus est tourné vers le monde, non pas vers la famille de sang. D’ailleurs celle-ci ne prendra de relief qu’à la mort de Jésus (Actes I. 14). Cette rupture avec le tribalisme est une pierre angulaire des premières missions chrétiennes, avec des conséquences et des codes de conduite, absorbées par le cours des siècles. Il semblerait en tout état de cause, que ce nouveau Pape soit un homme attaché au texte fondateur et, peut-être à l’esprit du texte.
L’expression de son discours de présentation au public “ le mal ne vaincra pas”, s’ouvre à des conjectures aussi diverses qu’intéressantes.
C'est aussi un géstionnaire se dit-il. Une qualité dont les comptes du Vatican ont bien besoin.